15 Mai 2020
"En 1989, j’ai passé 6 mois à New York. Durant une visite du zoo du Bronx, j’ai été frappé par l’état totalement insalubre de nombreux quartiers où l’on se serait cru en pleine guerre civile. Le spectacle offrait un contraste saisissant et révoltant avec l’univers des yuppies de wall street, comme dans « Le bûcher des vanités » de Tom Wolfe. En 1989, Bronx Generation est ma première composition purement synthétique" a expliqué l'artiste.
Trente ans plus tard, le titre Bronx Generation de BT93 a été coproduit par Frédéric Lo en impliquant des musiciens additionnels (Marcello Giuliani à la basse slap et Patrick Goraguer à l’orgue Hammond et aux percus).
Comme celui de Références, ce clip a été réalisé et monté par le vidéo-artiste Yannick Dangin-Leconte (Stupeflip vite!) qui a assuré lui-même la composition des plans en 3D rappelant les débuts du jeu video. Les tags du métro sont l’oeuvre de plusieurs street artists sollicités par Yannick Dangin-Leconte.
Tel un Sixto Rodriguez de l’ère industrielle, BT93 sort du placard en 2020, un peu par hasard. Des chansons, composées entre 1989 et 1994, s’invitent sur les dancefloor des soirées branchées, sans que l'on sache vraiment d'où elles viennent... Les jeunes s’en emparent, fascinés par leur son “vintage”, les quinquados s’en délectent de chorégraphies “d’époque” et chacun bouge son corps sur un message, on ne peut plus actuel, celui de la critique d'un capitalisme sauvage et absurde.
“La hiérarchie chie” crache le monde du travail, un quotidien que le jeune BT93 des années 90 raconte en musique, seul dans sa chambre la nuit, après ses heures de costard-cravate. Jeune cadre désabusé qui drague le soir sans trop y croire, il compose avec des synthés devenus des références aujourd’hui, Ensoniq ESQ1, TX7, TR707, Korg 01W, envoie ses cassettes aux labels indés, rêvant un jour de s’échapper de cette vie. Boucherie Production, lui répond, pas bien caca ! Et les années passent…
Mais voilà, ces chansons ne veulent pas disparaître. Tel les albums posthumes ou les correspondances cachées dans le fond du grenier, elles ne veulent pas crever. Elles sont la révolte avant la fatalité, le dernier sursaut vital avant la vie d'adulte.
A force de tourner sur les platines d’inconnus, elles sont devenues cultes. Et quelques malins ont enquêté pour retrouver ce fameux BT93. Il est devenu entrepreneur, sérieux, à l’aise dans sa vie d’adulte, quand les fans viennent le chercher. Il leur répond, pas bien caca ! Et puis, le souvenir du rêve l’empêche de dormir. BT93 existe avec ou sans lui. Selon la rumeur, il aurait tout plaqué, le costard, la cravate et la montre. Il reste anonyme, mais accepte la diffusion de ses chansons sur les plateformes numériques. Elles n’en ont pas fini avec lui.
On le suit ?
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