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Guevn • Ataraxie : Humeur 2

  FRANCE •

Guevn • Ataraxie : Humeur 2

GUEVN, LA VOIX DE LA GRANDE FRANCE

« Je veux en faire une banalité, effacer les clichés »

Si le Rap Game était jusqu’ici confiné au chant des banlieues parisiennes et aux litanies du sud ; Guevn fait souffler une sonorité d’un genre nouveau. Le public devra désormais compter avec la voix de la Grande France, celle des bourgs et des hameaux, plus communément connue sous l’appellation vulgaire de « campagne ».

 

L’arrière-pays sur la scène rap

A la fin des années 1980, lorsque le rap arrive en France, les textes relatent la colère d’une jeunesse qui a  l’impression de ne pas compter parmi les préoccupations des dirigeants. Guevn nous apprend que ces problématiques sont décuplées dans les communes de l’arrière-pays : « On a un tabac, une boulangerie et un bar ». Ce qu’il décrit, c’est Montferrat, un patelin de 1800 habitants à peine, perdu entre Grenoble et Lyon. Des transports en commun quasi inexistants, aucun gymnase ni terrain de foot, pas de conservatoire ou de bibliothèque : « On a passé des journées à vraiment rien faire, du matin jusqu'au soir. Il y a plein de communes autour où y a vraiment rien, où les jeunes sont obligés de se barrer à une demi-heure, 40 minutes juste pour se poser.

Il faut créer des trucs, des restos et tout, pour qu’il y ait un peu de vie. On aurait juste voulu avoir un complexe sportif tu vois, mais on n’a rien eu que l'alcool, c'est venu tôt parce qu'il y avait rien à faire, vraiment rien. » Un sentiment d’asphyxie qui fait naître chez lui un besoin d’évasion. Ces champs, ces monts hostiles, cette grisaille ; lui ont naturellement insufflé un ton mélancolique. La vingtaine et déjà blasé par la société, par l’humanité : « En vrai, je déteste ce monde ». Ce profil encore inédit dans le milieu des musiques urbaines françaises offre l’ébauche d’une étude sociologique. Avant que ne se dessine concrètement une carrière musicale prometteuse, à partir de 2019, Guevn erre sur les hauteurs du lac Paladru.


RAS…

Ou rien à faire en rase-campagne. Guewn voit le jour un 5 décembre 1998, dans ce département codé 38620. Enfant, l’artiste en herbe est un garçon ordinaire, peu intéressé par l’école: « J'aimais juste trop la facilité. En vrai, si j'avais travaillé, j'aurais pu faire quelque chose à l'école mais j’ai pas voulu ». Le benjamin de la famille est en décalage. Chez lui, on travaille dur, du paternel au fils aîné ; on pense pragmatique et on s’échine péniblement à l’ouvrage.

Lui, plus attiré par le cinéma que par les feuilles de calcul, vit mal cette restriction d’horizon. Comme d’autres jeunes, il croit un temps que seul l’argent peut l’affranchir de cette monotonie. Alors il dévie et flirte brièvement avec l’illicite, dans ce coin de la région Auvergne-Rhône-Alpes, où les démonstrations de force prennent facilement des tournures de Western. Heureusement, une fois le permis de conduire en poche, le Montfrinaud peut s’échapper pour goûter aux plaisirs qu’offrent les Cités étudiantes voisines. C’est à ce tournant que la musique, qui a toujours fait partie de sa vie, prend un tout autre sens. A ce moment où, comme partout en France, Internet s’empare des foyers isérois.


Papa was not a rolling stone…

A la maison, on pousse les décibels, souvent : « J'ai commencé à vraiment faire de la musique quand j'avais 7 ans. J'ai toujours eu ce truc de vouloir passer à la télé parce que quand j'étais jeune, je regardais beaucoup MTV». Papa est amateur de rock and roll ; ce sont là les premières notes qui bercent son enfance. Pour autant, le contexte n’est pas à la création artistique.

Soucieux de faire de ses fils des hommes et de les voir apprendre un métier honnête, le chef de famille appréhende le choix de carrière du cadet. Maman, elle, est fan de Diam’s. Ainsi, à l’harmonie des notes viennent s’ajouter le sens de la prose et le goût de l’écriture. A l’aube de sa vingtaine, alors que l’idée de faire carrière devient plus insistante, sa mère est confiante et fait partie, avec son grand frère, des ses premiers soutiens. A ce stade, Guevn a déjà bien bourlingué dans la zone et au- delà, jusque sur les côtes du sud. Pourtant, le déclic viendra d’Outre-Atlantique, par l’un des rappeurs les plus brillants de tous les temps : Eminem : « A 13 ans, je tombe sur « Mockingbird » de Eminem, c'est la première musique que je vois sur Youtube.

Le son m’a mis une sacrée claque ! Et en fait ça a été un déclic. J’ai trouvé la musique magnifique, je l'écoutais en boucle, puis j'ai commencé à écrire et à m’enregistrer avec mon téléphone. » Cette découverte marque le point de départ de son initiation à l’œuvre du natif du Missouri, pas si éloignée de ses références finalement puisque « My name is », le hit qui propulsa le Slim Shady, n’est autre qu’un sample de « Back in black » du groupe ACDC, dont l’Alpin connaissait déjà bien les riffs grâce aux playlists du père. De cette expérience, il entame une immersion dans le rap US.


Hip-Hop origines…

Dans les années 2010, après le Gangsta rap, le G-Funk, et la Trap, les initiés succombent à la Drill music. Parmi ses ambassadeurs les plus connus, un certain Durk Derrick Banks, dit Lil Durk. Cette violence qu’il rappe crument fait immédiatement écho aux sentiments de Guevn ; bien qu’il ne parle pas un mot d’Anglais. Au-delà du son, l’imagerie et le style de ces âmes en marge l’attirent. Aussi, sa direction artistique, capillaire du moins, est toute trouvée : « J'ai kiffé les tresses et j'ai dit bah je vais les faire aussi pour un clip et puis au final, j';ai juste gardé ça comme ça. » Guevn arbore de fines tresses disposées de part et d’autre d’une raie médiane parfaitement tracée. Une coiffure peu conventionnelle et encore plus pour cet enfant du Pays. Le choix est assumé, tout comme le positionnement. Les Etats-Unis incarnent aussi les valeurs du « Tout est  possible », de quoi renforcer la motivation du rookie.

Le salut viendra de la musique, sinon rien : « J'ai pas d'autre porte de sortie, c’est la musique ou l’usine donc je suis à fond. Je suis prêt. De toutes façons, j'ai choisi ce boulot. Je veux juste être riche, mettre bien ma famille, mes proches, qu’on soit plus obligés de trimer à s’en casser le dos puis qu'on profite tous ensemble ». En attendant de réaliser son premier voyage dans le pays de l’Oncle Sam, l’auteur et interprète jette son dévolu sur la capitale : Paris. Après quelques tentatives peu concluantes, il rencontre enfin son équipe professionnelle et rejoint, après quelques navettes, le label H24. Managé par le visionnaire Sébastian, de la maison Bosse Management, la machine se met rapidement en route.

Intimidé au départ : « J'arrivais pas trop à y croire, et c'est vrai qu’au début j'ai pas trop ouvert ma gueule. J'ai laissé faire puis, j'ai commencé à apprendre à les connaître. Ils m'ont quand même bien mis en confiance et là j'ai commencé à prendre la parole ». Le débutant apprend à s’imposer : « Je pourrais pas être avec une équipe qui m’impose des choses que j’ai pas envie de faire. J'aurais préféré galérer 10 ans de plus et en retrouver une autre même si mon but c’était de percer à tout prix. Je peux pas présenter un truc qui ne me représente pas. »

L’écho des champs

Guevn garde cet ancrage à Montferrat, où tout ce qu’il a construit a commencé et continue de vivre. On retrouve ce marquage identitaire au son, sur les prods du compositeur Il Pazzo, mixées par le brillant ingénieur Elma, avec lesquels l’alchimie est parfaite. A l’image, également, avec Paul Matthias, qui avait réalisé son premier clip officiel « Voler ».

Fièrement, et sans qu’il n’en ait réellement eu le choix, Guevn s’impose naturellement comme l’étendard de la France rurale, avec la ferme intention de prouver que ces territoires qu’il préfère nommer « La Grande France », ne sont pas uniquement synonyme d’ennui : « Dans le fond, il n’y a rien de mieux que la campagne. Rien de mieux en termes de qualité de vie.

Déjà, rien que l’air, quand je vais à Paris je le ressens direct ! Ici on peut contempler l'horizon, la nature. Tu vois, on est bien en vrai, malgré que ce soit la merde. » Fidèle à sa région, Guevn veut, par son propre témoignage, contribuer à faire la lumière sur les pépites du coin : « J'aimerais bien ouvrir un studio d'enregistrement, tu sens que ça manque.

Un vrai studio carré, pro, immense ; sur le pic de Montferrat et accessible à tous. Je pense qu'il y en a beaucoup qui auraient pu et qui auraient voulu choisir la musique comme projet professionnel mais qui se disent « regarde où on est ? On n’a rien ! » Je pense que ça peut jouer aussi. Pareil, pour ceux qui n’ont pas le permis, je mettrai en place un système de navettes pour les emmener et les récupérer à la gare voisine ».


Ataraxie

A la fois conscient que les choses doivent évoluer et aussi qu’elles n’évolueront peut-être pas, il fait sa thérapie par l’écriture. Frénétiquement, compulsivement, il noircit les pages et apprend progressivement à sortir de l’ombre : « J'aime pas trop m'afficher et tout donc tu vois faire des vidéos pour moi, c'est un gros effort ». Toutefois, de mélancolie seule n’est pas faite sa musique. La joie, les rires et surtout, l’espoir composent sa poésie ; jusqu’à la maturité de son projet : « Ataraxie ».

Ataraxie, comme l’idée philosophique d’une absence totale de troubles ou la satisfaction de se sentir là où on doit être et au bon moment : « Après qu'on ait fini d’enregistrer beaucoup de sons, je me sentais vraiment bien avec moi-même et je me suis demandé quel mot pouvait résumer mon état d'esprit ». Physique de jeune premier, bouc et moustache naissants, Guevn opère une rectification de trajectoire. Afin que l’immersion soit totale, le rappeur a été prolifique : « Ataraxie » comptera trois volets, et « Si je peux, à côté, je mettrai des audio aussi sur Youtube pour que les gens puissent manger ».

« Ataraxie » nous livre son hyper sensibilité, mêlant influences rap et rock et soutenu par des textes d’une authenticité saisissante. En fin de compte, le conte de cet enfant de l’Isère est celui du Vilain petit canard devenu un majestueux cygne au plumage sombre : « J'avais envie de montrer aux gens que je savais faire quelque chose parce que quand j'étais petit, j'étais un bon à rien. Je voulais prouver ».

Guevn s’invite à la table des rappeurs qui, dorénavant, doivent composer avec les récits de sa Grande France.

Pour accompagner la sortie de ce nouvel EP, Guevn dévoile le clip de son single
"Drogue Douce"
dans lequel on retrouve des clins d’œil à la série « Squid Game »... 

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DIFFUSION 5 AVRIL 2022  


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