Retour à Marseille pour y découvrir, à peine éloignés des quais, les premiers graffitis et tags qui s'offrent de plus en plus largement aux regards des visiteurs et passants, en une myriade de motifs et de couleurs. Les explications relatives à cet univers artistique nous sont apportées par le graffeur qui nous mène.
Le Panier aujourd'hui, c'est drôlement beau! Et notre guide Arnaud est vraiment un drôle d'oiseau ! Attachés à ses pas, nous nous laissons emporter par ce graffeur fier de l'être et résolument provocateur et nous immergeons avec bonheur dans l'univers des tagueurs.
Dans ce quartier du Panier, ruelles, escaliers, places et placettes sont peu à peu devenus leurs lieux d'expression privilégiés ; ici, les graffeurs et artistes en tous genres du street-art urbain sont les rois. Ce monde-là leur appartient !
Ici, les graffs et les tags qui éclatent en couleurs sur les murs qu'ils s'accaparent sont loin de la fantaisie ; ils sont les moyens d'expression d'une véritable culture de la provocation qui possède ses règles, ses principes ... et, ... son vocabulaire !
Le nôtre s'enrichit de ces mots qui écorchent tout d'abord nos oreilles, interrogent nos esprits qui s'y rebellent pendant de longues minutes, avant de bien vouloir s'y familiariser.
L'un d'entre nous les a relevés et transmis (Merci !). Ainsi :
• un 'graff' ou 'graffiti' désigne l'art d'utiliser la bombe de peinture,
• un 'blockbooster' de grosses lettres carrées faites avec un rouleau,
• un 'bubble style' de grosses lettres arrondies qui se chevauchent ;
• un 'throw up' est la même chose que le précédent mais en 2 couleurs
• un 'wilde style' est un ensemble de lettres effilées, enchevêtrées, indéchiffrables ;
• un 'tag' ou un 'blaze' désignent la signature faite en un seul trait ...
D'autres formes existent plus ou moins approchées au cours de cette visite :
• le collage et le pochoir, utilisés respectivement par Ernest Pignon Ernest (à Naples) et Banksy (à Bristol)
mais aussi :
• le 'tape art' qui s'exprime au moyen de ruban adhésif,
• le 'yarn bombing' qui consiste à recouvrir du mobilier urbain avec du tricot ...
De même vous ne pouvez ignorer qu'un 'crew' est un groupe dont tout tagueur ou graffeur fait partie et que sur chaque tag est indiqué un 'blaze' (signature), l'année et le (ou les) crew(s) d'appartenance.
Tels sont les mots essentiels que vous devez savoir employer pour pouvoir les comprendre, et je doute fort qu'ils se limitent à ceux-là.
Car ce que nous découvrons là en 2 heures n'est qu'un petit aperçu de cet univers du street-art dont on retrouve l'origine du graffitidans l'Antiquité (un graphium désigne un stylet utilisé pour écrire dans la cire),lestreet artquant à lui est arrivé des États-Unis.
A Philadelphie exactement, dans les années 1960, deux artistes, Cornbread et Cool Earl, innovent avec le «Graffitiwriting » . Illégal, clandestin, assimilé à du vandalisme, il arrive en France peu après et commence à exploser sur nos murs avec les événements de mai 68.
A savoir que pour graffeurs et tagueurs, l'art vrai et véritable, l'art pur, est celui du tag, du graff et du free style, aux origines nord-américaines.
N'est pas tagueur qui veut, n'importe où et n'importe comment! Règles et principes sont stricts et forcément appliqués, par eux et ... les représentants de l'ordre qui les traquent, jusqu'à leur faire prendre des risques insensés. Mais là justement est le jeu!
Le Street-Art, un univers à découvrir en images, que vous ne verrez plus jamais de la même manière après avoir fait cette visite et qui deviendra même un peu le vôtre, pour peu que vous vous y laissiez prendre !
Semaine prochaine : visite d'un atelier d'artiste / Claude Como,
peintre, céramiste, tuffteuse ...
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