29 Mai 2020
Il faut dire que Simon Beaudoux (chant) et Martin Chourrout (production) sont deux passionnés d'oeuvres d'anticipation ; leur duo tire son nom - à un S près – d'un roman de science-fiction de René Barjavel. Nourri d'influences littéraires, musicales (les hommes-machines de Kraftwerk ne sont pas loin) ou cinématographiques (Brazil, Carpenter),
Ravages nous embarque dans son odyssée rétro-futuriste-pop-moderne, où les vagues de synthé s'entremêlent aux mélodies douces-amères, évoquant tour à tour New Order, LCD Soundsystem, Phoenix, Serge Gainsbourg ou Malik Djoudi.
Après plusieurs années à sillonner l'Europe avec leur précédent groupe indie-pop Exsonvaldes (quatre albums et un succès inédit en Espagne), les deux musiciens délaissent les guitares pour une chanson électronique en français, initiée avec l'EP « Renaissance ». Ils préparent actuellement un premier album en collaboration avec leurs musiciens de scène, Quentin Rochas et Martin Lefebvre. Avec Ravages et depuis près de vingt ans qu'ils collaborent, Martin et Simon explorent cette fois leur attirance commune pour une époque où progrès technique rimait avec fascination et utopie. Comment ne pas en être nostalgique, à l'heure de la pandémie et de la surveillance de masse ?
Lancés sur cette route musicale tantôt futuriste tantôt existentielle, le duo puise aussi son inspiration dans une atypique et non moins sérieuse formation scientifique : l'un est diplômé de l'Ecole Polytechnique, l'autre d'un Master en Intelligence Artificielle.
Dès lors, peut-on écrire des chansons comme on résoudrait des équations ? « On peut poser une hypothèse et tenter de la démontrer dans un morceau, mais c'est une science très inexacte alors ! » Parmi les seules pseudosciences qu'ils admettent donc, citons l'écriture de comptines lors des nuits d'insomnie (Rouge soleil), de formules supposées adoucir les remords (La dispute) ou d'hymnes à la gloire des perdants (Munich).
Mais alors où trouver la lumière, entre désastres et incertitudes ? Ravages nous convie dans la sphère des inventions : celles des pionniers de la musique électro - alliées à la pop de l'an 2020 -, et celle qui s'offre à tous, se réinventer soi-même.
« Devenir autre chose, il faut tout remettre en cause, tout détruire, plus rien ne s'y oppose », chante Simon dans Métamorphoses, la transformation en étendard. Initier un nouveau monde, pour éviter que d'autres le fasse à notre place : en 2052, dans Ravage, René Barjavel décrit une humanité « sursaturée de vitesse » qui décide de ralentir, et inaugure ainsi le « Siècle Premier de l'Ère de Raison »... qui vire rapidement à l'autoritarisme. Toute ressemblance avec des risques existants ou en cours serait purement fortuite.
sortie le 29 mai 2020
On les suit ?
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