17 Mars 2021
FRANCE •
L'enregistrement d'un album solo est l'exploit le plus intimidant pour un instrumentiste. Le temps requis à un musicien pour affiner ses compétences, développer un répertoire et ensuite apprendre à se fier à son instinct est suffisant pour que la plupart abandonnent le projet.
L'opportunité offerte par la situation extrême de la pandémie a permis au bassiste Clovis Nicolas de compléter cet album, Autoportrait, un condensé de son année passée à travailler sur lui-même et sur son art. L'idée d'enregistrer un album en contrebasse solo a tourmenté Clovis Nicolas depuis deux ans. Le concept est assez pauvre en références, il n'existe en effet qu’une poignée d'enregistrements de ce format, beaucoup de ceux-ci étant réalisés de manière assez similaire, avec des accords ouverts, des compositions méditatives, et un manque de variété.
Nicolas s'est rendu compte qu'il allait devoir travailler très dur pour réaliser un album qui couvrirait tout le potentiel qu'il envisageait, sans avoir un véritable modèle au préalable. Pour ce faire, Nicolas a médité sur la première leçon de jazz qu'il a apprise : "Soyez votre propre section rythmique". Cela signifiait qu'il fallait prendre en compte la musicalité, les harmonies et la structure dans sa performance, mais aussi inclure les qualités mêmes que la basse apporte à l’ensemble. Nicolas a commencé son travail en septembre 2019 en écrivant "Four Steps”, puis a mis l'opération en pause jusqu'à ce qu'il retrouve quelques semaines plus tard son collègue et ami, le producteur Daniel Yvinec, autour d'un café. Après avoir fait part à ce dernier de ses réflexions sur l'enregistrement d'un album solo, Yvinec a insisté sur l'importance du projet.
Il a alors semblé évident à Nicolas qu'il avait trouvé la bonne personne pour l'aider à produire l'album et lui servir d’interlocuteur au fur et à mesure de son développement. C'est peu après que le monde a été frappé par la crise du COVID-19. Le travail des musiciens free-lance a instantanément disparu. Ce fut paradoxalement un heureux concours de circonstances pour Nicolas, qui a dès lors trouvé le temps nécessaire pour se consacrer à cette entreprise qui l'obsédait.
Le bassiste s’est retranché dans son studio de répétition afin d’élaborer des esquisses. Il y trouvait une idée, l'enregistrait, l'écoutait d’une oreille critique, puis développait l’œuvre étape par étape. Il compare ce processus à celui d'un peintre qui effectue son autoportrait, affinant sa propre image sur la toile en se regardant dans un miroir. Nicolas et Yvinec se parlaient occasionnellement au téléphone ou en réunion Zoom pour préciser leurs idées ou réfléchir sur le matériel et les thèmes. Leurs efforts ont abouti à l'enregistrement de l'album au studio Sear Sound à New York en septembre 2020.
Clovis Nicolas a passé l'année dernière à élaborer un enregistrement solo qui couvre une large étendue de ce que peut faire une contrebasse. Son Autoportrait est né d'une époque et d'une situation où le contrebassiste a pu réfléchir sur son art, avec un regard critique, et se pousser lui-même dans de fantastiques espaces créatifs.
L'idée d’un enregistrement en solo est née lors d’un concert de Dave Holland, que Nicolas a été fasciné de voir se produire seul sur scène à Marseille.
Clovis Nicolas a travaillé notamment avec Ron Carter, Baptiste Trotignon…