19 Mars 2022
FRANCE •
Je suis né dans les faubourgs de Beyrouth quelques mois avant le début de la guerre civile. Fuyant le conflit, ma famille migre et s’installe à Paris. Nous n’étions pas nombreux, juste ma mère, ma tante, mon cousin (plus âgé que moi de 10 ans) et ma cousine. Nous vivions entassés dans une chambre de bonne sans chauffage, ni même un lavabo, mais, j’étais un enfant heureux, car aimé.
C’est à mes 10 ans que tout a basculé. Déracinée et perdue, ma famille sera séduite par les Témoins de Jéhovah m’entraînant dans un monde aux règles strictes et opprimantes, basé sur la peur des autres, la peur du Jugement dernier, peu importe si j’étais un enfant. Le mot enfant, n’avait d’ailleurs plus aucun sens. J’étais comme eux un soldat de Dieu, un élu qui se devait de ne pas avoir de « mauvaises pensées », de prêcher autant que possible, d’être à la hauteur de cette incroyable chance de vivre à présent dans ce qu’ils appelaient : « la Vérité ».
Et puis, par le plus grand des hasards, a 15 ans, j’ai découvert la musique, et surtout le rock. Ma mère (qui elle n’est jamais entrée dans cette secte) m’a offert ma première guitare. C’était fou, car il y avait véritablement deux mondes dans lesquels je vivais. Un totalement sectaire, et l’autre où tout était permis.
Par la même occasion, j’ai découvert des auteurs comme Brel, Brassens, Ferré, ou Renaud. J’ai compris la liberté que l’on pouvait avoir sur un morceau de papier, et je me suis mis à écrire, écrire, tout ce que je voulais cracher, tout ce que je ne pouvais pas dire!
À dix-sept ans, au lycée professionnel Barrault de Paris, un professeur de technologie mal avisé m’a dit : « Cette année c’est l’année du B.E.P., alors la guitare au placard... ». Pour moi, le choix est fait, c’est la guitare. Ce sera mon dernier jour d’école et bientôt mon dernier jour en tant que Témoin de Jéhovah. Alors, c’est le début de l’errance dans un Paris sombre, violent, moche et le début de l’alcool. Puis je découvre Noir Désir, Miossec, Mano Solo...
Et, viennent mes premières compositions. J’écris mes colères, mes rancœurs et, un certain mépris de la vie. Je me produis très régulièrement dans les bars parisiens, cafés-concerts, péniches, caves musicales... Pour moi, c’est bien plus que des concerts, c’est le sentiment, pour la première fois de ma vie d’être « chez moi ».
En 2000, je suis en résidence à l’espace Confluence pendant un an où je joue chaque semaine lors des « lundis de la chanson ». Trois ans plus tard je forme le groupe Néo, puis, en 2006 décide de continuer sous mon propre nom. Là, ce sont des concerts et des concerts, dans des salles comme Le Divan du Monde, Le Zèbre de Belleville, le Gibus, le Sentier des Halles, le Réservoir..., à l’occasion de festivals nationaux (la fête de l’Humanité, festival des Voix Libres, festival Vincennes Off...) ou internationaux comme le festival Métissons au Sénégal.
Après 4 EP, mon premier album « Anthropophagie », est sorti en 2018. C’est ma première sortie chez les disquaires, avec un label et distributeur. Pour moi, c’est une belle revanche sur la vie.... Aujourd’hui, je sors mon second album « Patience Reptile ». C’est fantastique de passer de l’ombre a la lumière, de transcender sa rage, pour en faire des chansons. La plus belle des thérapies ...
Samedi 📌 19 MARS ♦ Le Rigoletto,
337 rue de Belleville
75019 Paris
📌 à découvrir dans le calendrier du BLOG
DIFFUSION 12 FEVRIER 2022 • R19/03