21 Juin 2021
FRANCE •
Piano : Bertrand Ferrier
Jann Halexander c’est le gentleman-chanteur. D’abord à cause d’une certaine élégance teintée d’humour – y compris sur lui-même - , ensuite par une forme d’indifférence aux modes qui passent et puis enfin, bien sûr, en vertu de la qualité des textes et des musiques avec un zeste d’érudition de bon aloi : dans un récital de Jann on pourra, mine de rien, croiser Francis Poulenc ou Marguerite Yourcenar (« Souvenir d’Hadrien »)… quand il ne s’aventure pas, sans coup férir, sur les territoires de la métaphysique (comme «Avant » ou « J’ai pas la foi »).
Mais qu’on ne s’inquiète pas car, en réalité, tout cela n’a « Aucune Importance » ou presque. Dans la cacophonie présente, Jann Halexander s’adresse à notre sensibilité, à notre intelligence avec un art rare de dire avec légèreté des choses profondes. Ce qui est la marque d’une vraie profondeur.
En notre époque de gentils petits clones, je ne vois pas très bien à qui on peut le comparer et, pour moi, c’est très bon signe.
Bien sûr Jann Halexander parle parfois d’amour ou bien de discrimination. Mais il ne chante jamais là où on l’attend. Sans brandir d’étendard, il transgresse tranquillement les catéchismes, bien-pensances et autres conformismes du moment. Avec une belle ténacité et une créativité toujours renouvelée, il va sa voie et creuse le sillon de son talent… qui est grand.
Frédéric Pagès
Chanteur, compositeur et écrivain-journaliste.
Dernier CD paru : « Passion Brésil » (Le Grand Babyl, 2019)
Dernier livre paru : « Mai 68 est devant nous » (Ed Yves Michel, 2018)