Le Théâtre de L'Oriflamme, en version jazz

 

 

Déjà, le 9 février dernier, ce nouveau lieu de spectacle ouvrait pour la première fois ses portes à Avignon, 5 rue Portail Matheron, (site connu par les avignonnais comme étant l'ancien Attila Grill), à l'occasion d'un premier concert de jazz.

Julien Cafaro et Patrick Zard, anciens comédiens et metteurs en scène, 'pourvoyeurs de projets', sans cesse à la recherche d'espaces et de personnes motivées pour concrétiser leurs autoproductions, réalisaient enfin ici, leur souhait : posséder un endroit à eux. Avignon de toute évidence, s'imposait pour cette création d'espace artistique permanent où, en dehors d'une programmation pour le Festival Off d'Avignon, des cours de théâtre, des résidences d'artistes y sont ou seront initiés, ainsi que des expositions d'art pictural et photographique. Par ailleurs un premier concert de jazz était annoncé, début souhaité d'un rendez-vous régulier avec cet art musical déjà promu dans la cité comtadine par l'Ajmi jazz club.

Dans cet esprit, pour baptiser l'endroit et lui insuffler la flamme, il fallait le meilleur : Harry Allen, saxophoniste ténor en tournée avec Thomas Ibanez, jeune saxophoniste Lyonnais talentueux, se présenta d'une manière inattendue. Ayant appris que leur représentation était annulée à Toulouse,  ils se saisirent de l'opportunité pour accueillir l'orchestre et proposer ce concert de rêve.

Car de rêve il était ; avec un artiste d'un professionnalisme étourdissant, au jeu absolu, d'une parfaite maîtrise, au saxo rutilant, et un partenaire dont la passion se décelait à la moindre note, avec puissance et conviction, dans un souffle dont on se demandait d'où il pouvait émaner, semblant impossible d'être émis par ce mince musicien chevronné et pourtant si jeune, cet instrument étonnamment passivé qui transmettait tout son éclat aux notes qui s'en échappaient.

Avec eux, c'est une soirée à couper le souffle que Patrick Zard et Julien Cafaro, accompagnés de leurs épouses, offraient à leur public, avec ce sens de l'accueil qui leur est propre, leur gentillesse, leur humour, leur attention. Une appréciation largement confirmée lors de la soirée d'inauguration du 5 mai, annoncée de longue date.

Car preuve qu'il n'y a pas de hasard, celui-ci ne se reproduisant jamais 2 fois, ce qui est bien connu, le second concert proposé le 18 mai 2022 à 20h à l'intention des amoureux du “son Blue Note” et du 'Jazz qui swingue', fut on ne peut plus à la hauteur, soirée qui avait été annoncée sur Sélectionsorties.net et @LartdeCath 

Étaient ce soir-là réunis, dans un quartet européen inédit, quatre jazzmen chevronnés : le batteur new-yorkais Joe Farnsworth (Horace Silver, McCoy Tyner, Cedar Walton,…) et son ami guitariste Mark Whitfield (Quincy Jones, Ray Charles, Herbie Hancock,…), le pianiste Olivier Truchot ( Scott Hamilton, Ralph Moore, Ivan Lins,…) et enfin le bassiste Patrick Maradan ( Keystone Big-Band, Quincy Jones, James Carter, Stochelo Rosenberg,…).

Aussi impressionnée je fus que lors du précédent concert, subjuguée et émue également ; et impressionnée je reste, habitée par une flamme que je ne parviens plus à éteindre, comme un grand feu, un immense feu de joie en moi, un sentiment de satisfaction intense.

J’aime le jazz depuis longtemps, mais je dois reconnaître que pour moi, il y a jazz, et Jazz ! Celui-ci était du second, avec un 'J' majuscule et un grand point d’exclamation, ou plutôt d'admiration, comme on le dénommait autrefois. C’est en ce sens que je l'utilise ici.

Ainsi admirative je fus, admirative je suis encore, et admirative je le resterai longtemps. Car assurément, L’Oriflamme nous a offert alors, comme il sait si bien le faire, l’ayant déjà prouvé avec leur premier concert proposé en février dernier, une soirée hors pair, un moment d’anthologie, avec ces superbes musiciens qui interprétaient de grands standards du jazz.

Rien à dire, juste à écouter, s’en mettre plein les oreilles, le cœur et les yeux. Batterie, guitare, piano et contrebasse : le tempo de ces instruments, en un rien de temps, nous envahissait, nous submergeait …  Un débordement d’émotions à fleur de peau, larmes aux yeux quand la guitare lascive séduisait, captait et ensorcelait, la contrebasse envoûtait, le piano charmait, la batterie nous emportait ; des moments durant lesquels chacun s’exprimait, d’autres où le dialogue s’installait, d'autres moments d’harmonie totale...

Pour les Avignonnais, c'était sans conteste ce soir-là, 'The place to be' ! Pour Julien Cafaro et Patrick Zard, propriétaires des lieux, cette soirée exceptionnelle, comme ce fut aussi le cas du concert de Ben Halen et de Thomas Ibanez en février dernier, était à mettre au crédit d'une chance qu'ils avaient su saisir en validant leur venue dans leur tout nouveau théâtre suite à des annulations de tournées durant la crise sanitaire et les confinements. La preuve s'il en fallait une, que d'une déconvenue peut parfois jaillir une belle satisfaction.

Une chance mais surtout une volonté à poursuivre, jusqu'à ancrer bel et bien ce lieu d'exception dans l'esprit, la culture, les habitudes des Avignonnais (c'est déjà fait pour moi), créer et faire rayonner son aura au-delà ensuite, en corrélation avec l'Avignon Jazz Festival et l'Ajmi. Tout y est, Julien et Patrick ont de l'OR entre les mains, la FLAMME est allumée, qu'elle le reste longtemps.

Cath - L' Art de CATH

 

Attachée de presse : Dominique Lhotte