Une pièce présentée en sortie de résidence dans le cadre de l'événement : Le Printemps des Poètes.
Être ou ne pas être … Pasolini ?
C’est plutôt cette question que je me pose, en ressortant du Théâtre des Vents, après avoir assisté le samedi 25 mars dernier, au spectacle d’Olindo Cavadini : ‘Pasolini … Qu’avez-vous fait de moi ?’
Pasolini le cinéaste, poète, romancier et novelliste, ‘politiste’ (si je peux qualifier ainsi à la fois le politicien et l’humaniste), polémiste, dramaturge, journaliste, critique aussi … au-delà, bien au-delà du simple mortel. Celui qui en plus des lunettes noires qu’il arborait en public le plus souvent, cumulait l’ensemble de ces casquettes. Un génie mal compris en son temps, comme le furent la plupart des génies, car même s’il connut le succès de son vivant, celui-ci reposait essentiellement sur son statut de cinéaste quand le cinéma était seulement le moyen d’expression du penseur-philosophe qu’il était avant tout.
De toute évidence, il est des êtres d’exceptions qui, non contents d’en être, en concentrent plusieurs, en vices et/ou en vertus, qualités ou dons. Pier Paolo Pasolini était sans conteste de ceux-ci.
Mais revenons à Olindo, à cette soirée, sans perdre le lien avec son sujet qui nous a tous spectateurs, amenés ici, au Théâtre des Vents. Car parler de l’un sans parler de l’autre, en ce lieu et ce soir-ci, est purement impossible.
Un temps Olindo, un temps Pier Paolo, un temps Moravia de son prénom Alberto - son ami auteur du roman ‘Le Mépris’- dans le discours qu’il fit lors de ses funérailles, le 5 novembre 1975, 3 jours après sa fin tragique, Olindo est avant tout Pasolini, vivant … et mort. Il l’est dans l’apparence, les écrits repris, la gestuelle … Plus qu’un parti pris, Olindo semble être la personne idéale pour initier et tenir le rôle. Beaucoup plus qu’une réminiscence et même qu’un souvenir, il pourrait être sa réincarnation : la langue italienne qui est aussi sa langue d’origine, son physique, son style … tout, absolument tout ici nous parle de Pasolini.
Dans sa prestation, Olindo Cavadini fait ressortir quelques-uns des aspects les plus connus, les plus représentatifs de Pasolini … si l’on peut parler de ‘connaissance’ du personnage, tellement celui-ci était multiple et contrasté : le polémiste, le marxiste qui ne pouvait adhérer à aucun parti, même s’il fut un temps membre du parti communiste italien, tant ses idées pouvaient sembler contradictoires. Attiré par les banlieues, il était celui qui s’engageait pour les classes prolétariennes, ouvrières … sous-prolétariennes même nous est-il expliqué, tant dans sa région du Frioul qu’il affectionnait, les ouvriers agricoles et leurs familles étaient poussés à la pauvreté, oubliés. C’est cet homme plus précisément que nous rappelle le comédien, au-delà de l'homosexuel, de l’amoureux. Mais c’est aussi et par-dessus tout, le poète.
Par sa construction, sa mise en scène, le jeu des lumières, des sons, de la musique, la gestuelle, la danse qui intervient parfois étonnamment mais très judicieusement … ; par les interprétations du comédien, le biais de quelques accessoires seulement, la pièce nous interpelle de A à Z émotionnellement, intellectuellement, presque physiquement.
L’homme qu’était Pier Paolo Pasolini, parti de manière si violente, si choquante, sa mort encore voilée de mystère … reste passionnant à mes yeux. Et cette passion, ce soir je la ressens. Même si ses œuvres cinématographiques m’échappent parfois pour bien des raisons, l’idéologiste, le poète me plaisent, m’attirent et me captivent.
Aussi, ne puis-je que vous dire merci à vous, Olindo Cavadini, pour cette prestation. À vous également…. Pour la mise en avant remarquable d’une personnalité qui l’est tout autant. Merci d’avoir, le temps d’une trop courte soirée, ressuscité cet être hors du commun parti trop tôt, l’être hors du temps qu’était Pier Paolo Pasolini. Merci ce soir, durant un peu plus d’une heure, pour votre public, d’avoir été ‘Lui’.
A peine aboutie (elle était présentée ce soir en sortie de résidence), cette pièce va poursuivre son chemin, entrecoupé de représentations qui peu à peu la feront grandir. C’est ainsi que nous pourrons la retrouver les vendredi 28 et samedi 29 avril prochains au Carré Rondelet, 14 rue de Belfort à Montpellier (34 ) puis à Rochefort du Gard ( 30 ) le dimanche 2 juillet 2023 dans le cadre du Festival ‘Les Préambules’.
Consultants artistiques : Eric Jakobiak - Christiane Olivier
Régie sons et lumières : Léonard Cavadini
Citations et textes de Pier Paolo Pasolini : Poésie en forme de rose. Extraits de : Porchile (Porcherie -1969-), Les Pleurs de l'Excavatrice (1956). Textes de Chistiane Olivier : Le Petit Cireur ... et d'Olindo Cavadini : La TV à pièces ...
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