14 Août 2021
FRANCE •
St Dyé sur Loire dans le Loir et Cher (41), ancien port de Chambord, appartient à la partie du Val de Loire inscrite au patrimoine de l'humanité par l'UNESCO. Son église des XVème et XVIème siècles est classée monument historique depuis 1931. Sa dimension hors du commun pour un village rappelle l'importance du bourg fortifié de jadis.
En 2014, Hubert Damon, médecin devenu artiste-peintre, passionné pour l’art sacré ou profane, d'un amour sans limites pour sa terre de naissance, fit donation des tableaux de son œuvre "La bonne nouvelle" inspirée du Nouveau Testament qui décorent d'une manière tout à fait originale le lieu saint.
A l'origine du village, au VIème siècle, époque des Carolingiens : une grotte, dans laquelle vécut St Dié en ermite et qui devint son tombeau. C'est sur celle-ci (visible au cœur de l'église par la surface vitrée qui la couvre) que fut bâtie la 1ère église, puis celle du Xème siècle, puis l'actuelle.
Le port de St Dyé sur Loire est "le port de Chambord ". Point sur la Loire le plus proche du Château (6km), St Dyé fut le lien entre le fleuve en tant que voie de navigation et le chantier de Chambord. Dès 1529, c'est par le fleuve, sur des gabares, bateaux à fond plat spécifiques à la navigation sur fonds sablonneux, qu'arrivèrent pierres, ardoises et plomb nécessaires à sa construction.
François 1er envisagea tout d'abord de détourner la Loire de son lit mais l'idée titanesque fut vite abandonnée non pas du fait du chantier que cela représentait matériellement mais de son coût. Les frais de transport des matériaux par contre qui greffèrent le coût de réalisation de l'ouvrage, bien que colossaux, ne furent pas un obstacle.
Il est important à ce stade de préciser que le site, qui n'était alors qu'une immense zone marécageuse, avec tous les inconvénients que cela pouvait représenter (conditions techniques de travail, maladies, climat...), fut retenu spécifiquement pour cette raison. Le château de Chambord, comme la cité céleste de Jérusalem, l'église St Pierre à Rome, également bâtis sur marécages, représentait un Idéal pour son créateur alors qu'il nous apparaît plutôt aujourd'hui comme une utopie, une exaltation, à l'égal de la Sagrada Familia à Barcelone et, à un autre niveau, du Palais du Facteur Cheval à Hauterives dans l'Isère.
Marguerite de Navarre écrivait ainsi à son frère, François 1er : "Voir vos édifices sans vous, c'est voir un corps mort ; regarder vos bâtiments sans ouïr sur cela votre intention, c'est lire en hébreu ".
Compte tenu des conditions climatiques qui ne permettaient de travailler sur le chantier que durant les mois les plus favorables de l'année, tous les éléments de construction étaient préparés sur les lieux d'extraction des matériaux puis livrés prêts à être montés et assemblés : ainsi, le plomb qui n'était pas encore produit en France à cette époque, arriva d'Angleterre via le port de Rouen sur la Seine ; les éléments sculptés en tuffeau blanc étaient en pierre de Bourré (Montrichard dans le Val de Cher) et d'Apremont (sur l'Allier dans le Berry) ; les croisées furent produites à St Aignan (à une quarantaine de km de Blois) et Belleroche (près de Roanne dans la Loire) ; les chapiteaux, colonnes, balustrades et marches d'escaliers arrivèrent de Lye (dans l'Indre) ; le calcaire qui fut utilisé pour le soubassement, alterné avec des couches de bois, fut extrait plus localement, à Ménars, à environ 10km de Blois). Le bois des charpentes quant à lui provint sans doute d'une forêt de plus de 100 ans qui fut rasée sur le site de Chaumont sur Loire pour faire place à des terres cultivables.
St Dyé devint dès cette époque un lieu de transit très important pour mariniers, convoyeurs, ouvriers, tout en devenant progressivement durant le XVIIème siècle un site de transit pour les courtisans et dignitaires qui se rendaient au Château ou de Paris vers Blois ou autres lieux solognots ... Y passèrent ainsi parmi les plus renommés et prestigieux : Madame de Sévigné, Molière et sa troupe, Jean de la Fontaine, le Maréchal de Saxe, etc.
C'est à cette époque également que le commerce du vin prit le dessus. Via les nouveaux canaux de Briare et d'Orléans, les négociants commencèrent à approvisionner Paris directement à partir de la source avec les productions du Val de Loire, ce qui permettait d'en garantir l'origine et la qualité. Pour en faciliter le transport, ils choisissaient les vignobles les plus proches du fleuve.
Au XIXème siècle, le port connut une nouvelle évolution avec les visiteurs de la région et du Château de Chambord qui débarquèrent des premiers bateaux à vapeur. La marine de Loire comme toutes les marines fluviales déclina ensuite comme on le sait tout au long du XXème siècle pour renaître aujourd'hui sous forme d'agrément.
Notre correspondante Avignonnaise
en Vacances !
Rédaction : Catherine Giraud
DIFFUSION 14/08/2021