27 Juillet 2023
FRANCE •
Le 13 avril 1946, la loi « Marthe Richard » du nom d'une ex-prostituée conseillère de Paris, abolit en France le régime de la prostitution réglementée, un tournant 'radical' dans l’histoire du « plus vieux métier du monde » .
L'occasion était donnée dans le cadre du Festival, de découvrir cet univers révolu ; voici qui est fait pour moi. J’ai ainsi choisi un jour de plonger dans l'univers clos ... d'une maison close, chez Léonie plus précisément, et cela m'a ravie.
Chez Léonie, c'est dans la pièce commune aux 'filles' que l'on vous reçoit. Léonie est une femme de caractère qui mène ses filles de main de maîtresse femme'. Elles sont au nombre de quatre, chacune avec sa personnalité, ses rêves et sa couleur : guêpière, culotte en dentelles, longue robes en satin du soir ou de chambre. Trois 'poules' et un 'vilain petit canard ' fraîchement rabattu par un 'collecteur ', jeune, très jeune, sans plus d'expériences que de formes, fausse mineure affamée destinée aux appétits d'ogres. On l'accepte, la famille s'agrandit et poursuit sa vie, essentiellement nocturne cela va de soi.
Les choses pourraient rester ainsi rythmées par un emploi du temps bien défini, si la vie n'en décidait autrement ... Car un jour, tout bascule, l’univers clos s’effondre. Parce qu'ici malgré les protections et les protecteurs, nul(le) n'est à l'abri de rien. Ici sans doute même plus qu'ailleurs, la sécurité n'existe pas malgré les apparences.
Cette pièce est un régal. Dédiée aux adultes, elle explose dans une journée de Festival Off comme un feu d'artifice : on y chante, on y danse, on s'y frotte, on s'y pique, on s'y affronte et on s'y bat, on y rit et on y pleure aussi. Mais par-dessus tout, on s'y aime, de passes en passes, de déshabillage en rhabillage, de jeux de cartes en discussions, de câlins tendres en déclarations. La tendresse et l'affection, latentes entre ces filles qui partagent tout leur temps ensemble, et encore plus la solidarité, inondent le lieu de manière touchante.
La mise en scène, l'utilisation par le jeu des éléments du décor, se font dans une dynamique d'une fluidité totale. Les comédiennes jouent admirablement leur rôle ; c'est drôle, sensible, percutant, d'une truculence gourmande malgré la dureté et la violence de certains contextes et situations, malgré les vaines tentatives de dédramatisation.
Et puis essentiellement au-dessus de tout cela, se trouve la Femme, son image et sa situation à la fin du 19ème siècle, au sein d'un couple, d'une famille, de la société, qui n’évoluera que plusieurs décennies plus tard. Cette vision de la Femme se perçoit dans les commentaires acerbes de ces exclues, du système mis en place, chez ces 'Filles' mais surtout chez les hommes en tout genre qui interviennent tout au long de la pièce, sous forme de caricatures interprétées par un seul et même comédien.
'Maison close : chez Léonie' est un univers auquel il faut se confronter. Sans préciosité ni timidité, allez a la rencontre des Filles de Léonie, à l'école de la vie ; derrière la désinvolture, il y a du sérieux, à percevoir et ressentir.
Cath - L' Art de CATH
Contact : lartdecath@gmail.com
Maison Close (chez Léonie)
Durée : 1h20
Auteurs :
Agnès Chamak, Odile Huleux
Mise en scène :
Agnès Chamak, Odile Huleux
Interprète(s) :
Ariane Carmin, Agnès Chamak,
Fabien Floris, Montaine Fregeai, Maroussia Henrich,
Taos Sonzogni
Chorégraphe : Lucile Künzli
Compositeur : Franck Lebon
Compositrice : Odile Huleux
En Scène ! Production
du 7 au 29 juillet - Relâches : 10, 17, 24 juillet
à 16h40
BRUNES (THÉÂTRE DES)
32 rue Thiers
84000 - Avignon
Réservations +33 4 84 36 00 37
Les 3 Illustrations sont des prises de vues de tableaux de Toulouse Lautrec.
THÉÂTRE DES BRUNES ○ 32 rue Thiers ○ 84000 AVIGNON