1 Février 2024
FRANCE •
Être présenté au travail d’Alba, c’est comme se voir offrir un joli coffret en forme de boîte à musique. Taillé à la main dans un morceau de bois unique, doux au toucher, avec des courbes fines et un peu piquant sur les bords.
Prolifique et créative, l’artiste franco-mexicaine - son père est mariachi - mélange et fait s’entrechoquer les genres, instruments et influences. “Le bon sens” paru en juillet 2023 lui a valu un Coup de cœur de Radio France, séduit aussi bien par l’inventivité de ses paroles, la justesse de ses interprétations et la richesse des instrumentations.
Aujourd’hui, elle compte bien faire la preuve par “3”, une nouvelle pièce à sa collection. Un chiffre qui revêt une importance toute particulière pour elle. Au gré de 16 nouvelles chansons aux sonorités aussi bien vintage que modernes, elle y aborde avec douceur et espièglerie des sujets du quotidien et de l’humain, comme la colère, la famille, l’éternel féminin et surtout le rapport à soi-même.
C’est la promesse de “3”, un mélange plus personnel et intime que ses précédentes décoctions. Son attention particulière portée au moindre détail lui vient en partie de ses expériences de sound-designeuse, mais aussi des rendez-vous qu’elle donne sur sa chaine Twitch ou encore lorsqu’elle était aux Beaux-Arts pour y faire de la peinture et pour concevoir des robots mécaniques.
Comme elle l’a déjà laissé entendre à travers "Tu nube", le premier single pop discoïde, cet album fait références à trois décennies musicales: les années 50, 60 et 70. Comme par exemple “Et pourtant“ et sa poésie élégante qui évoque les croyances et la tolérance sur fond de rythmiques trap et de sonorités plus acoustiques.
Avec “3”, le titre qui donne son nom à l’album et qui dure précisément 3’33, Alba nous explique sa philosophie vis-à-vis du temps qui passe. Autre titre marquant de l’album, “Hugo” aborde la difficulté que l’on peut éprouver à s’entendre avec des proches avec qui on a pourtant tant en commun. Une chanson dont les paroles évoquent la frustration à travers la douceur des balades des années 50.
A la fin de l’écoute, on referme ce coffre, pour quelques heures, peut-être pour quelques jours, sinon jusqu’à ce qu’Alba y apporte un nouvel écrin, mais notre mémoire et notre âme sont désormais aussi bien les gardiens de ces images complexes et émouvantes que cette petite boite en bois, façonnée par des mains expertes, par le temps et l’amour des autres.