19 Juillet 2024
FRANCE •
THEATRE ○ Une comédie baroque entre mensonge, jalousie, libertinage, amour et quiproquo, pleine d’humour et de fantaisies.
En effet, composée par Corneille (5 actes en vers) en 1644, sur la base de la comédie espagnole ‘La verdad sospechosa’ (La vérité suspecte) de Juan Ruiz de Alarcón (1617), soit au début du XVIIè siècle, l’adaptation et la mise en scène réalisées par Marion Bierry, Directrice du Théâtre Le Girasole, la transposent au début du 1er empire par le décor et les costumes.
Elle est de plus ponctuée d'envolées musicales et ‘semi lyriques’, reprises de notre époque aux paroles réinterprétées, qui la propulsent encore plus en dehors du champ institué par Corneille et des codes du classicisme.
C'est ce qui peut lui être reproché par les amateurs de classiques purs, c'est ce qui plaît aux autres.
Question spectacle, ce menteur-là ne fait pas les choses à moitié ! Comme un arracheur de dents et comme il respire, Dorante ment sans vergogne, du début à la fin. Au rythme effréné des mensonges proférés, Cliton, son valet qui semble mener la danse au commencement, selon la démarche cornélienne de la pièce, se laisse vite dépasser dans cette mise en scène par ceux de son maître, alors qu'il est le mieux placé pour connaître les vérités.
A contrario, Dorante prend de plus en plus de place au fur et à mesure que les mensonges prennent de l’intensité et de l’ampleur, jusqu’à perdre pied et à en arriver, autant pour l’un que pour l’autre, à ne plus savoir où elle se situe et ce qui a été dit.
Serait-ce là une façon de marquer clairement l’intention de Corneille qui, à l'instar de la morale, ne fait pas punir Dorante au final des mensonges qu’il professe ? De là à mettre Dorante sur un piédestal, il n’y a qu’un pas que l'on peut se demander s’il a été franchi.
Sachant que notre menteur de l'époque serait plutôt qualifié de mythomane aujourd'hui, et vu sous un regard beaucoup moins favorable de surcroît dans son rapport aux femmes. Un personnage en somme parfaitement amoral et condamnable actuellement.
La mise en scène originale est attrayante au possible, à la limite du burlesque parfois. Le jeu du comédien, par sa gestuelle et ses mimiques, rend parfaitement le ridicule de ses désirs de plaire, de son inconstance et de son hypocrisie. Les jeux des 2 femmes en particulier, entre tableaux et fenêtres, sont largement utilisés, le décor dans son ensemble conçu à cette fin ; outre le fait de pouvoir le mouvoir par l'arrière, en vue de suivre les déambulations pittoresques des comédiens dans les rues de Paris, même si l'ensemble de la pièce se passe en un même lieu, une placette située entre les résidences des protagonistes.
Très bien vu, imaginé et conçu, le jeu de l’ensemble des comédiens est étudié à merveille et ça plaît, indéniablement.
Plus gros succès de son époque, Le Menteur de Corneille a fait l’objet d'une suite, ‘La Suite du Menteur’, en 1645. L’année 2025 en marquera-t-elle une pour ce spectacle ?
En attendant, s'il y en a que l’on peut relever plus particulièrement dans l'offre de ce Festival, celui-ci en fait partie.
Il vous tente ? Courez vite voir cette adaptation de Marion Bierry au Théâtre Le Girasole, s’il y a encore des places sur les 2 jours de Festival restant. Il vous faudra sinon suivre sa programmation sur les routes de France, dans les villes où il ne manquera pas prochainement de se produire.
LE MENTEUR
De Pierre Corneille
Mise en scène et adaptation de Marion Bierry
SUCCÈS ! Plus de 300 représentations à Paris
au Théâtre de Poche-Montparnasse.
Avec :
Alexandre Bierry, Stéphane Bierry, Benjamin Boyer,
Brice Hillairet, Marion Lahmer, Mathilde Riey
Décor : Nicolas Sire
Costumes : Virginie Houdinière
Lumières : Laurent Castaingt
Presse : Dominique Lhotte
24 bis, rue Guillaume Puy
84000 Avignon
Du 2 au 21 juillet relâche les 8, 15 juillet
A 11h45 – Durée 1h35
Téléphone de réservation : 04 90 82 74 42
BMS Productions
Co-production : Atelier Théâtre Actuel, Collectif ASAP
Théâtre du Girasole ○ 24 bis, rue Guillaume Puy ○ 84000 Avignon