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Le Roi se meurt d'Eugène Ionesco

  FRANCE 

 

Ionesco est né en Roumanie en 1909, mort à Paris en 1994. Il a à peine plus de 50 ans et sort d'une grave maladie lorsque, encore hanté par la mort qu'il a côtoyée de près, il écrit 'Le roi se meurt' en 1962.

Son histoire est celle d'un fils d'immigrés dont la famille a été abandonnée par le père, ce qui ne l'a pas empêché ou lui a même plutôt permis de vivre des périodes heureuses dans des 'communautés humaines' avant de repasser sous une autorité paternelle despotique dont il se détachera pour s'engager dans des études littéraires.

Il navigue entre Paris et Bucarest jusqu'en 1944, s'établissant définitivement en France à partir de cette date. A la fin de la guerre, la France est devenue gaulliste, la Roumanie communiste. Il obtient la nationalité française en 1950, année de représentation de sa première pièce 'La Cantatrice chauve'.

'Il déteste les genres plus classiques de théâtre, n’aimant que les sources primaires des théâtres antiques'.

Abordant son théâtre en général, 'Le Roi se meurt' en particulier, on se doit de distinguer en premier lieu la philosophie de l'absurde du théâtre de l'absurde dans laquelle l'œuvre de Ionesco est inscrite.

© Credit photo Marie Ballot

 

Jean-Paul Sartre et Albert Camus font partie de la 1ère catégorie ; ils ont créé le roman philosophique et partent du principe que 'le monde n'a pas de signification, l'existence de l'homme est injustifiée, ses actions sans finalité'.

Le théâtre de l'absurde, marqué par le traumatisme de la seconde guerre mondiale et la chute de l'humanisme, serait quant à lui un 'substitut moderne du tragique classique, un théâtre de l'incommunicabilité', dont Beckett et Ionesco sont considérés comme les initiateurs.

Eux s'opposent à cette idée, qualifient plutôt le genre théâtral de leur œuvre de 'non réaliste, moderne, nouveau'.

© Credit photo Marie Ballot

 

'Le Roi' de Ionesco représente l'homme dans son universalité, confronté à sa mort, pris entre angoisse et désespoir, illusions et réalité, conjuration et acceptation ; les siennes et celles de son entourage. Oublieux qu'il n'est qu'un élément de passage sur terre, le franchissement de cette dernière étape d'une vie, tragique et jugé à tort absurde, fait s'écrouler autour de lui un monde qu'il avait fait sien, et qu'il n'imagine pas voir perdurer après sa mort.

Face à la fatalité de ce destin funeste, il lutte en vain, passe par toutes les émotions possibles, de l'indifférence à la peur, de la tristesse au détachement, ses proches participant à l'une ou l'autre d'entre elles, suivant le côté duquel leurs sentiments les placent.

L'ensemble se positionne au sein d'un univers spatio-temporel irréel qui permet à des Compagnies telle La Cie A tout va de présenter leur interprétation particulière de cette pièce. Ici, s'intègre, tout en gardant le déroulé et l'esprit original de cette œuvre caractéristique du théâtre contemporain, une bande musicale et chantée originale, des cœurs et des chorégraphies élaborés dans une ambiance très 'sixties' de show à l'américaine.

© Credit photo Marie Ballot

 

Ainsi, le tragique s'estompe, le satirique laisse place à l'humour, les émotions se révèlent mieux encore, les sentiments s'adoucissent, dans le jeu élargi des six comédiens qui expriment leurs talents artistiques sur tous les plans.

L'univers original, l'esprit, la vision de Ionesco ne sont pas pour autant oubliés. Et c'est avec plaisir que l'on replonge dans cette pièce lue de longue date pour la plupart d'entre nous, bien souvent incomprise quand elle fut étudiée.

Une pièce de théâtre est faite pour être vue, et les interprétations, les approches différentes qui peuvent en être faites, sont autant de portes et de fenêtres s'ouvrant sur des textes jugés parfois abstraits, faisant y entrer la lumière, lui apportant un éclairage nouveau, facilitant et parfois même en permettant la compréhension. Celle-ci ne déroge pas à cette règle ; il suffit d'aller la voir pour s'en convaincre.
 

Cath - L'Art de Cath

 

Pour mieux comprendre et situer le genre théâtral auquel appartient 'Le Roi se meurt', un rappel des faits historiques qui ont marqué les deux décennies du XXè siècle, que furent les Fifties et les Sixties peut être bienvenu :

- Fin des années 50, début des années 60, l'évolution des techniques de communication permet de suivre et de relater en direct le cours des événements. La seconde guerre mondiale n'est pas loin, les guerres de Corée et d'Indochine encore moins, la guerre d'Algérie est d'actualité ; la Guerre froide entre USA et URSS met en opposition le capitalisme au communisme.

L'histoire mondiale est marquée par l'indépendance de nombreuses anciennes colonies, quand certains états imposent leurs idéologies politiques et économiques à d'autres. La France est encore sur l'élan économique des Trente Glorieuses et a réalisé son premier essai nucléaire dans le Sahara en 1960, tandis qu'outre Atlantique, se développe un modèle américain sur fond de Plan Marshall.

- Idéologiquement, la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, la Ve République et le Traité de Rome sont neufs dans les esprits, le contemporain a remplacé le modernisme.

© Credit photo Marie Ballot

 

- En plein cœur des XX Glorieuses de la Culture, c'est l'époque de St Germain-les-Prés, de la télévision, des cinémas d'arts et d'essais, cinés clubs et cinémathèques. Jean Vilar est à la tête du TNP, un Théâtre National Populaire de service public, 'accueillant et vivant'. Picasso, Boris Vian, Jacques Tati, Agnès Varda, Sartre, Gide, Mauriac, Camus …

Ariane Mnouchkine et son Théâtre du Soleil se démarquent dans des styles artistiques, littéraires, cinématographiques, avant-gardistes. Des journaux tels Le Monde et Combat voient le jour. Existentialisme, philosophie et engagement animent ces intellectuels, entre un communisme 'symbole à la fois d'espoir, de mythe et d'utopie', et un anticommunisme 'libertaire'. La presse populaire perd du terrain pendant que l'Express et le Nouvel Observateur gagnent en lectorat.

- Ceci expliquant sans doute cela, théâtralement de nouveaux styles apparaissent : cruauté (Artaud), absurde (Beckett), Nouveau Théâtre (Ionesco), théâtre engagé (Sartre, Camus, Genet, Césaire). Une période d'une grande richesse culturelle qui nous permet de voir aujourd'hui des pièces prisées, de genres tout à fait particuliers, denses et riches de sens.

Documentation :
https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/philosophie_de_labsurde/17968
https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9%C3%A2tre_de_l%27absurde
https://www.tnp-villeurbanne.com/tnp/histoire/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Eug%C3%A8ne_Iones

 

Le Roi se meurt
Compagnie A Tout Va

Pièce vue en vant-première Avignon Off 25
le 30 mai à 21h à la Factory, salle Tomasi

Avec
Jacques Poix-Terrier, Le roi
Marie-Laure Desbordes, La Reine Marguerite
Mélanie Surian, La reine Marie
Jérôme Ragon, Le médecin
Viviane Fougereux, Juliette
Wilhem Mahtallah, Le garde

Mise en scène :
 Mélanie Le Duc

La Factory - Salle Tomasi - 4, rue Bertrand - 84000 Avignon
Durée : 1h30

Du 5 au 26 juillet à 14h20
Relâche les mardis

Eugène Ionesco création 1962 

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La Factory ○ 4, rue Bertrand ○ 84000 Avignon

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