La deuxième mort de Laura Belle

Revu ainsi 'La deuxième mort de Laura Belle'. Comme toute création depuis l'avant-première et le début du Festival Off  d'Avignon, durant lequel elle est jouée tous les jours à 18h sauf les mardis, au Théâtre L'Adresse, les réglages, les jeux ont été ajustés, les comédiens se sont parfaitement appropriés leur rôle. On dit bien que la perfection n'existe pas...

Autant de fois une pièce est jouée, autant de fois elle est amenée à y gagner. Ce n'est pas pour rien que le théâtre est un art vivant! 

D'un genre à part, en parfaite adéquation avec le cinéma noir des années 50, le parti pris de l'auteur metteur en scène a tout son sens : pratiquement, visuellement, émotionnellement, verbalement. 

 

Avant d'aller la voir ou la revoir, ne craignez pas de visualiser un excellent film noir des années 50, 'Le grand sommeil'* par exemple... vous ne serez pas déçu ; 'La deuxième mort de Laura Belle' tient déjà ses promesses. 

 

Voir se révéler une création, pouvoir suivre son évolution, y percevoir le moindre changement, est une chance inouïe qu'il faut savoir saisir. Ne la manquez pas.

 Cath - L' Art de CATH
Contact : lartdecath@gmail.com

 

*Date de sortie : 6 août 1947 (France)

Réalisateur : Howard Hawks

D'après l'œuvre originale de : Raymond Chandler

Scénario :
Howard Hawks, William Faulkner, Leigh Brackett, Jules Furthman

 

DIFFUSION 17 JUILLET  2023

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↓ L'AVANT PREMIERE ↓

Vendredi 16, samedi 17 juin au Théâtre de l’Adresse : la Compagnie du Nouveau Monde présente en sortie de résidence et en avant-première, cette première écriture et 'pièce noire' mise en scène par Olivier Douau. L’occasion peu commune de s'immerger sur une scène de théâtre, durant un peu plus d'une heure, dans l'intensité grave et l'ambiance étonnante du cinéma noir américain des années 50.

Musique en tête, Billie Holiday marque le lieu et l'époque, en sonorités jazzy qui accompagnent jusqu'au final : Etats Unis d'Amérique, début des ‘fifties’. A quoi bon en savoir plus ? A quoi servirait de connaître le lieu exact, la date ... ? Plutôt dédié au 'grand art' cinématographique, l'univers noir de cette époque n'a nul besoin de détails pratiques pour afficher haut sa couleur. Ici, la projection est immédiate, instantanée ou presque, sur l'écran de la scène. 

A cette époque, qui dit musique dit radio : un poste tsf d'époque fournit aussi la voix off, également caractéristique du genre. La musique a son importance, les éclairages, les sons et les bruitages aussi qui rythment l'histoire, dans la lignée des films de gangsters des années 30 et des films noirs des années 40. En cinéphile averti, l'auteur-metteur en scène affiche clairement dans cette réalisation, sa passion pour le cinéma américain du milieu du XXe siècle, en noir et blanc de préférence : noir intense, pointe de blanc et nuances de gris, une ou deux couleurs primaires … selon le principe de la bichromie.

Le ton est donné par l'homme qui pénètre au centre, costume noir 3 pièces impeccable, chapeau rivé sur le crâne, entre les hauts panneaux dressés. S’il en restait un, le doute est vite levé quant à l'esprit qui règnera dans ce décor 'clinic strict and black'. Instantanément, 'Le Grand sommeil' avec Humphrey Bogart dans le rôle du détective privé Marlow (THE BIG SLEEP - 1946 de Howard Hawks) se présente à l’esprit. 'L.A. Confidential' aussi, quoique datant de plus tard (1997) mais dont l'action se situe en 1950.

Bien que l’esprit puisse difficilement échapper à la présence scénique des 3 comédiens présents, les repères que vous pouvez avoir avec ces films culte entre autres, ne vous quittent plus.

Trois comédiens donc, trois personnages qui s’opposent, se testent, se manipulent … porteurs d’une Histoire, de ‘Leur Histoire’, mains plus ou moins tachées de sang, chacun/chacune à sa manière … Chacun/chacune « sa bouteille de lait » !

Jean David Stepler/’Laszlo’ … ‘Lieutenant Laszlo’ ! LE flic du genre par excellence : coincé, pas sympa, manipulateur... qui sous couvert du droit, utilise les gens plutôt qu'il ne collabore avec eux, malgré les apparences. Tiré à quatre épingles, des souliers au chapeau, il est celui qui ne s'autorise rien d'autre que la tâche à laquelle il se dédie :  ni fantaisie, ni relâche, ni sentiment. Un rôle difficile à maitriser de bout en bout, ingrat, mais ô combien indispensable dans cet esprit à l'histoire !

Nathalie Comtat/Laura Belle … belle et intrigante, parée de mystère, à la manière de la femme fatale qui ne manque pas d'exister dans le cinéma de l’époque. Énigmatique à souhait, elle interprète à merveille son rôle, comme à chaque fois d’ailleurs. Ici, celui de la jeune femme amnésique dont le jeu (les jeux ?) oscille(nt) entre un passé nébuleux et un présent indéfini qui interroge, des souvenirs persistants et des élans à la fois tendres et violents.

Olivier Douau/Dixon ... journaliste au Herald, pris malgré lui dans cette affaire. Un homme décomplexé qui ne semblait vivre jusqu'alors que pour lui, malgré lui peut-être même, partagé entre son travail, ses faiblesses (jeu, alcool ...) et ses failles, voire sa fragilité ... Avec un rien de Clark Gable dans ses expressions et son allure, ce semblant de ‘chevalier défenseur de justes causes’, n’est armé que de la seule arme qu'il sache utiliser : les mots.

Trois rôles, trois rôles principaux ! Point de second rôle dans cette pièce dont l'action se déroule physiquement en huis-clos, dans un 'ailleurs' en off, par alternance d'échanges à deux subtilement dosés et joués, complexes mais en aucun cas compliqués, aussi réglé, millimétré que soit le jeu. A son service, relevons ici la technique adaptée et ajustée en sons et lumières de David Ripon, qui œuvre généralement en ajoutant beaucoup de charme, aux différentes créations théâtrales de la Compagnie du Nouveau Monde (Un Contrat, Beyrouth Hôtel). Relevons aussi le travail de mise en scène, la conception du décor et la recherche des costumes réalisés.

Au final, chacun des personnages s’avère être un pilier à part entière, porteur d'un dialogue dont chaque phrase ou presque est susceptible de contenir le mot qui éclaire ... Surtout ne rien lâcher à leur écoute, au risque de passer à côté d'une leçon de vie, d'un détail clé !... Tous trois distillent à leur manière une part égale d'ombres et de doutes, un éclairage sur son passé ; peu à peu, les trois mémoires individuelles se réveillent et se révèlent dans le collectif.

Indéniablement, c'est sur cette alchimie que repose l'équilibre et le succès de cette pièce. Une véritable prouesse.

Cath - L' Art de CATH 

'La deuxième mort de Laura Belle' : une histoire intrigante et captivante pour une pièce noire qui n'est ni un polar, ni une affaire criminelle.

Un genre à part pour les amoureux d'intrigues à découvrir durant tout le Festival Off d'Avignon

du 📌 7 au 29 juillet à 18h,

au Théâtre de L'Adresse, 2 avenue de la Trillade à Avignon

(relâche les mardis). 

Tél 04 65 81 17 85

 La Compagnie du Nouveau Monde

avec Nathalie Comtat  Jean-David Stepler et Olivier Douau 
  David Ripon à la technique.

Écriture et mise en scène Olivier Douau

Attachée de presse Dominique Lhotte

Chargée de communication Mathilde Cherifa Douau

Crédit autres  photos © Philippe Hanula

Pour en savoir + :

Le Film Policier
The Big Sleep
Meilleur Film années 50
Cinetom
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    (E) EMETTEUR :      CATHERINE GIRAUD   

DIFFUSION 23 AVRIL 2023 ○ Màj JUILLET