L'improbable histoire des passantes

THÉATRE ○ Par essence, est improbable ce qui a peu de chance de se produire, ce qui ne signifie pas que cela n'arrivera pas.  Le mot 'chance' peut être remplacé selon nos croyances par destinée, hasard, probabilité...  suivant l'éternel doute auquel les humains seront sans doute perpétuellement confrontés.

Mais en fait, qu'importe, pourvu qu'un jour ou l'autre, quelle que soit l'idée que l'on s'en fasse, la chose ou l'événement advienne ?

L'improbable peut aussi sortir de l'ordinaire. Et là, quand il y a peu de possibilité que l'histoire se passe et qu'en plus, elle n'est pas ordinaire, toutes les conditions sont présentes pour que le moment, l'histoire, s'avère belle et étonnante.

 

C'est le cas des Passantes, un poème d'Antoine Pol écrit en 1911, publié en 1918 dans un premier recueil intitulé Émotions poétiques.

 

Un peu d'histoire Georges Brassens découvre le livre en 1942 chez un bouquiniste, met le poème en musique et le poème devient chanson. Il la remanie plusieurs fois jusqu'en 1969. En 1970, il obtient d'Antoine Pol l'autorisation de chanter son poème, mais le poète ne connaîtra jamais le bonheur d'entendre l'interprétation du chanteur devenu célèbre, puisqu'il décédera quelques temps après. La chanson aboutie sera interprétée pour la première fois à Bobino en décembre 1972. 

De cette histoire tirée du passé, de souvenirs extraits de tranches de vie présumées parallèles mais entrecroisées un jour, sans savoir ni comment ni pourquoi les opportunités se sont présentées, les connexions établies, Hervé Masquelier a tiré ce qu'il nous raconte.

 

Ainsi, 'L'improbable histoire des passantes  - ou le poème de la page 17 - ' était née, pour notre plus grand bonheur. Car voir et entendre Hervé Masquelier nous conter cette histoire improbable qui advint pourtant, est un moment délicieux et intense.

 

En cet instant où nous sommes à son écoute, dans cette salle de l'Oriflamme, le temps suspend son vol ; sentiments, émotions, verbe, musique et théâtre créent une alchimie et se mettent au service de ce spectacle émouvant.

Et on prend le tout, bien évidemment. Parce que c'est beau et touchant ; que ça fait partie de nos souvenirs d'une époque ; qu'à l'origine de ce poème, des chemins, des regards qui auraient pu ne pas se croiser un jour se sont croisés, que des hommes, des femmes, des cœurs qui s'appelaient sans le savoir un jour se sont rejoints ... ou pas! ; qu'un objet aussi petit que le livret d'Antoine Pol paru à quelque 150 exemplaires à peine, un jour est apparu au bon endroit, au bon moment, aux yeux de la bonne personne.

 

C'est ainsi que parfois, il advient qu'une histoire qui ne regarde que ceux et celles qui la partagent devienne publique, parce qu'un musicien-chanteur s'est saisi des paroles, qu'un conteur en a fait un spectacle. La voici alors révélée, projetée sur le devant d'une scène dans une histoire partagée.

 

C'est ainsi que le passé remonte à la mémoire, que l'histoire perdure, que l'on devient immortel.

 

 

Les Passantes
Chanson de Georges Brassens

Je veux dédier ce poème
À toutes les femmes qu'on aime
Pendant quelques instants secrets

À celles qu'on connaît à peine
Qu'un destin différent entraîne
Et qu'on ne retrouve jamais (...)

Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir

On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l'on n'a pas su retenir

Paroliers : Georges Charles Brassens / Antoine Pol
Paroles de Les Passantes © Ed. Musicales 57