QUAND ON SERA GRAND

Il est des lieux voués à la création dans lesquels la création intègre  magistralement le lieu.  Ainsi du Théâtre du Roi René et de la dernière pièce d'¹Hélène Zidi : 'Quand on sera grand ' .

Hélène Zidi, son théâtre, sa pièce,  avant que le public ne se l'octroie. Car au vu du contexte, il semble  impossible de ne pas se dire à un moment ou à un autre : cet homme,  cette femme :  c'est moi! ...  cette maison, je la connais bien,  c'est 'notre ' maison, c'est 'chez nous' ! Ou plutôt c'était...

Un peu étonnant de prime abord ce 'Quand on sera grand ' qui nous fait attendre sur scène les enfants de l'affiche, alors que ce sont deux adultes qui interviennent, frère et sœur réunis ici, dans la maison de famille dont doit se décider le sort, suite au décès de la mère. Leurs différences sautent aux yeux : ils ne fréquentent pas les mêmes milieux.  Ils ne se fréquentent pas beaucoup d'ailleurs,  l'une œuvrant en free-lance et faisant du commerce, l'autre ayant choisi le statut de comédien en cours de devenir auteur. La confrontation semble vite inévitable, elle est d'ailleurs immédiate ou presque. Chacun/chacune est dans son évidence : pour lui la maison doit être conservée, pour elle vendue. Et pour cette dernière,  un compromis ne semble même pas négociable tant la force de caractère et le sens de la finance l'habitent.

Les voies qu'ils ont suivies, les professions qu'ils ont choisies, leurs styles, leurs écarts et leurs différences, ce qu'ils sont devenus : tout semble les avoir séparés.

La famille, source de bonheur et de conflits... À partir de cette divergence, les dés sont lancés. Ils ne cesseront de rouler jusqu'à la fin de l'échange, transformant la partie en jeu de ping pong, sur un terrain en forme de structure pyramidale qui suggère les meubles entassés d'une demeure abandonnée

"C'est étrange, une maison de famille ! Un lieu rassurant, avec les odeurs et les bruits de notre enfance et, en même temps, l'endroit qui nous impose le passé et nous empêche d'être nous-même." Bruno Combes, 'Seulement si tu en as envie...'

On ne tardera pas à s'apercevoir que les deux adultes n'en ont que l'apparence, et que l'enfance n'est pas loin derrière eux.

Tout dans les jeux des acteurs nous séduit, nous emporte dans leur histoire, nous ramène à la nôtre, dans des sentiments forts de colère, de jalousie, d'envie ... qui n'échappent à personne un jour ou l'autre au sein d'une fratrie.

C'est fou ce que l'on peut transporter de l'enfance à l'âge adulte, en frustrations et en rancoeurs ; fou aussi qu'il faille la disparition d'un être pour 'qu'en fin', celles-ci s'expriment !

'Quand on sera grand', c'est tout cela et beaucoup plus encore , en matière de vécu et de sentiments familiaux ... À aller chercher chacun/chacune à sa manière, dans cette pièce qui exhume les vieilles rancunes refoulées et les regrets avec une belle intensité, une incroyable énergie, beaucoup d'humour et de sensibilité ; et en extrait le meilleur de ce que peut être une relation entre frère et sœur, avec à la clé malgré tout, l'amour supposé.

  Cath - L' Art de CATH
Contact : lartdecath@gmail.com

“Tout ce qui est mort comme fait, est vivant comme enseignement."

Victor Hugo

Théâtre du Roi René
rue Grivolas 84000 AVIGNON

du  7 au 29 Juillet 2023
Attachée de presse Dominique Lhotte

¹Chronique 2022

Crédits photos / 1 © Catherine GIRAUD - 2 © Julien Jovelin

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DIFFUSION 13 JUILLET 2023